- RAJPUT (ÉCOLE)
- RAJPUT (ÉCOLE)Les R jputs (sanskrit: r japutra , «fils de rois») sont des hindous qui vécurent dans les provinces r jasth ni et pah r 稜. Le R jasth n se situe entre l’Indus, son affluent la Sutlej et la Jumn . Les États voisins de M lva et du Gujar t le bordent au sud et au sud-est. La province pah r 稜, dont le nord jouxte l’Him laya, comprend une région montagneuse creusée par des rivières: le Pañj b et une région de plaines qui se termine par la province de Tehri Garhw l. Les souverains r jputs, maîtres de principautés d’importance variée, mènent une vie féodale (guerres, chasses, épisodes amoureux). Leur sens de l’honneur, très développé, les empêche de faillir à une parole donnée. Ils patronnent les arts: poésie, architecture, musique et peinture. Cette dernière, dont les témoins les plus anciens au R jasth n proviennent du Mew r et du Marw r, remonte dans l’état actuel de nos connaissances au début du XVIe siècle. Quant à l’art pah r 稜, il apparaît avec l’école de Basohli à la fin du XVIIe siècle. Les peintures de ces deux ensembles diffèrent par le style; cependant, à mesure que le temps s’écoulera, ils seront de plus en plus réceptifs à l’influence moghole et par là même à l’influence occidentale. L’art r jput comprend d’innombrables écoles. Il est donc nécessaire de faire un choix entre elles: choix guidé par leur valeur artistique et leur originalité.La peinture r size=5jasth size=5niLes plus anciennes peintures de la province r jasth ni semblent bien devoir être attribuées à l’État de Mew r, et cela dans les trente premières années du XVIe siècle, alors que Mew r était un État puissant qui n’avait pas encore subi le sac de Chittor, en 1568, par l’empereur moghol Akbar. Ces peintures se caractérisent par la présentation de personnages toujours vus de profil, à l’œil immense, au nez pointu, aux gestes saccadés, se détachant sur un fond uni, le plus souvent de couleurs vives. Un grand charme émane des arbres très stylisés entourés de branches fleuries sur lesquelles sont juchés des oiseaux. Après le sac de Chittor, il y aura une éclipse dans la production picturale, mais celle-ci reprendra au XVIIe siècle, notamment entre 1630 et 1660 avec l’illustration du R m ya ユa et d’une r gam l de Sahibdin. Cette peinture restera profondément régionale; atteinte inévitablement par l’influence moghole, elle conservera une note romantique qui lui est très particulière.L’école de Bundi naquit au début du XVIIe siècle, et fut un rejet de l’école de Mew r. Sous le règne de R j Singh (1652-1681), une grande quantité de miniatures furent exécutées. Les visages sont petits et arrondis, avec une ombre prononcée près des yeux et sur les joues afin de bien modeler la face. La palette se compose de rouges embrasés, de bleus et de verts. Mais c’est vers 1680 que le style de Bundi atteint son apogée avec l’illustration de r ga et r gin 稜.C’est seulement à la fin du XVIIe siècle, sous le règne d’Umed Singh, que la peinture de Ko レah prendra sa personnalité propre. Le sujet essentiellement traité est la chasse, organisée quelquefois avec plusieurs milliers de personnes, dont un certain nombre de femmes. Les peintres montrent les chasseurs à l’affût, tapis dans une nature exubérante et stylisée à la manière du douanier Rousseau (W. G. Archer). Au début du XIXe siècle, la peinture devint plus naturaliste et perdit ensuite de sa valeur sous l’influence anglaise.Kishangarh fut une petite principauté du centre du R jasth n, fondée vers 1609 par Kishan Singh. Un atelier de peinture y fut actif de la seconde moitié du XVIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe. Cependant sa période de grand éclat se situe entre 1735 et 1757, sous le règne de S vant Singh, connu par son nom de plume de N gar 稜 D s sous lequel il signa ses poèmes. Celui-ci, dévot passionné de K リルユa (Krishna), s’éprit d’une chanteuse poétesse Bani-Thani, qui devint sa maîtresse et qui, dans les peintures, personnifie R dh . Un nouveau type féminin créé alors est certainement l’idéalisation du modèle vivant de Bani-Thani: la silhouette est très élancée et le visage, vu généralement de profil, est raffiné; il est caractérisé par des yeux mi-clos dont l’extrémité est relevée vers la tempe, des arcades sourcilières très arquées, une bouche finement ourlée tant soit peu dédaigneuse et une boucle sur la joue (ce dernier trait est emprunté à la peinture moghole). À côté de ce nouveau type féminin apparut une conception plus architecturée du paysage, grâce à une utilisation plus savante de la perspective en hauteur. S vant Singh patronna de nombreux artistes dont le célèbre Nihal Chand.L’État de Marw r, traversé par la route militaire reliant Delhi au Gujar t, est ouvert aux influences extérieures. La peinture y présente un groupe d’écoles locales soumises à la cour du Jodhpur. Les premiers témoignages remontent au début du XVIe siècle et relèvent de l’art du Gujar t. Les œuvres de la période classique ont été exécutées sous les règnes d’Udai Singh (1581-1595) et de S r Singh (1595-1620). Au début du XVIIe siècle, le style est caractérisé par une riche composition et des personnages aux silhouettes assez courtes, aux têtes rondes avec un front fuyant. L’influence moghole se fait sentir (notamment dans le traitement des arbres), mais l’atmosphère reste spécifiquement r jput. Sous Ajit Singh, la peinture à Jodhpur devient purement moghole, mais, sous Abhai Singh (1724-1750), elle retrouve certains traits particuliers: le dessin est alourdi, les silhouettes plus grandes, les couleurs plus chaudes; les costumes y prennent une ampleur exagérée, surtout les turbans. À la fin du siècle, l’influence moghole disparaît pour faire place à un style de Jodhpur tardif, dont le point culminant se situera sous le règne de Man Singh (1803-1843): les couleurs brillantes, les silhouettes outrancières vêtues de costumes aux tons extravagants en seront les caractéristiques.La peinture pah size=5r size=5稜La plus ancienne école de l’art pah r 稜 est celle de Basohli, dont les premiers témoignages remontent à la fin du XVIIe siècle (illustration d’un r samangari , «Histoire du héros et de l’héroïne», 1690). La vigueur des tons employés, avec prédominance du rouge et du jaune (symbole de l’intensité des sentiments éprouvés par les protagonistes), les gestes saccadés, les visages au front fuyant prolongé par un nez étroit, avec de grands yeux en forme de poisson, la pupille noire se détachant sur un fond blanc, l’arcade sourcilière accentuée sont, avec les fonds souvent unis, les arbres stylisés, l’horizon très haut, les caractéristiques principales de cet art.Ce style se perpétua dans plusieurs États du Pañj b jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, mais ce fut certainement l’État de Kulu son héritier spirituel le plus authentique. En s’assagissant, cet art perdra de sa verve et de son originalité.Situé au sud de K face="EU Updot" 臘gr , l’art de Guler fut favorisé par sa position géographique: en effet, sa proximité des plaines le laissait ouvert aux influences extérieures; sa situation dans les collines lui assurait aussi une sécurité propice au développement des arts. À la suite du sac de Delhi par le sh h persan Nadir en 1739, des familles entières d’artistes émigrèrent au Pañj b. C’est grâce à ce phénomène que naquit l’art de Guler, qui date de 1740-1770 environ. De nombreux et beaux portraits, notamment ceux du souverain Goverdhan Chand (1745-1773) furent exécutés, ainsi que des œuvres attachantes illustrant des scènes d’intimité ou des épisodes de la vie de K リルユa. Les femmes ne sont pas très grandes, assez dodues; leur visage comporte un front souvent orné d’un bijou, un nez droit plutôt court et un menton bien dessiné et arrondi. Le traitement du paysage et de la perspective relèvent à la fois des techniques moghole et européenne. Le style de Guler se distingue par la douceur, la fraîcheur, la stabilité, une retenue et une sobriété dans l’expression des sentiments et des gestes, une composition claire qui groupe peu de personnages. L’évolution vers des silhouettes beaucoup plus élancées, une tête trop petite, le traitement du paysage plus précieux annoncent le style de K face="EU Updot" 臘gr .L’art de K face="EU Updot" 臘gr apparut aux environs de 1770 et se poursuivit jusqu’au début du XXe siècle. Son âge d’or se situe entre le début du règne de Sansar Chand, en 1775, et 1805, date à laquelle les Ghurkas envahirent son État et amenèrent les Sikhs quelques années après à devenir les maîtres du pays. Sansar Chand fut un grand mécène et un dévot passionné de K リルユa; il commanda à ses artistes de nombreuses scènes de différents épisodes de la vie de cette divinité. Dans cet art la femme est reine, représentant à satiété R dh et ses compagnes. De type svelte avec un visage peu expressif, au nez droit en prolongement du front, la silhouette féminine devient avec le temps plus ramassée. Les personnages, vêtus d’habits aux couleurs vives et variées, évoluent dans une nature exubérante, riche de symbolisme, influencée par l’art moghol et européen. Il se dégage de cette peinture une tendresse, une joie de vivre, une vitalité et un rythme auxquels il est difficile de rester insensible.Il faut attendre le règne de Raj Singh (1764-1794) pour que l’art de Chamb trouve son style. Dans les miniatures, les visages des personnages ont une bouche petite, des paupières courbes, des sourcils arqués et le menton rond. L’arrière-plan, formé souvent de vallonnements parallèles qui atteignent le ciel, donne de la profondeur au paysage, mais en même temps l’asphyxie.Très proche de celui de K face="EU Updot" 臘gr , l’art de Tehri Garhw l donne sa plus belle production entre 1780 et 1803, date de l’invasion des Ghurkas. Les femmes aux silhouettes élancées présentent le même visage que celui que l’on a vu à K face="EU Updot" 臘gr , toutefois le nez ne forme pas une ligne droite avec le front, mais se projette en avant. Quant au paysage, il est tantôt dramatique avec des arbres aux troncs tourmentés et des branches en partie dénudées, tantôt enjolivé par des guirlandes fleuries suspendues aux arbres.L’art du R jasth n est un art folklorique qui s’attache à révéler la véhémence des sentiments; il est vigoureux et utilise des contrastes de couleurs posées à plat par larges touches et, à ses débuts, ne recherche pas à susciter l’impression de profondeur; au contraire, l’art pah r 稜 (si l’on en excepte l’art de Basohli) est très mesuré; même lorsqu’il traduit des thèmes semblables, il crée un climat édénique fait tantôt de retenue, de douceur, de tendresse ou de joie de vivre, dans un cadre de verdure cerné fréquemment dans le lointain par des monuments, le traitement du paysage étant conforme aux données mogholes et européennes.Les sujets les plus souvent représentés dans la miniature r jput découlent de la littérature épique de l’Inde: Mah bh rata , R m ya ユa , Bh gavata Pur na et G 稜t Govinda , auxquels s’ajoutent les r gam l (modes musicaux qui ont également une expression poétique et une illustration picturale; ils sont intitulés r ga ou r gin 稜 suivant leur forme masculine ou féminine). Les r gam l particulièrement appréciées dans l’art r jasth ni trouvent à Basohli (art pah r 稜) une terre d’élection. Ensuite ils cèdent la place à la figuration des N yak : héroïnes vouées à l’amour qui leur est tantôt favorable, tantôt cruel.À partir du XVIIIe siècle, l’art du portrait, introduit par les Moghols, eut une très grande vogue dans tous les centres picturaux de l’école r jput.
Encyclopédie Universelle. 2012.